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Chapitre 4
L'enfant



Introduction

Introduction C'est au début de la troisième année de vie que l'on cesse de considérer l'enfant comme un bébé. On le perçoit plutôt comme un petit garçon ou une petite fille. L'enfant de cette période gagne en autonomie et en expériences diverses. Il ou elle élabore les outils nécessaires pour vivre dans la réalité et se guider de plus en plus par lui-même dans le monde physique et social extérieur à la famille.

Les êtres humains se lient les uns aux autres par besoin d'information, de soutien et de réconfort. L'intensité de la dépendance varie selon les personnes en relation. L'enfant de 3-4 ans exprime encore ce besoin qui se classe en deux catégories : la recherche affective et la recherche d'aide.

Contrairement à la conception populaire, les études démontrent que l'enfant régulièrement puni pour des comportements dépendants ou parce qu'il ou elle proteste d'un manque d'amour ou d'attention tend généralement à rester dépendant, contrairement aux enfants dont les parents acceptent la dépendance. En d'autres mots, un enfant qui ne reçoit pas une réponse suffisante à son besoin de dépendance poursuit, malgré sa croissance, sa quête d'une réponse satisfaisante chez les substituts des parents.

Un autre point important à retenir est que l'enfant de cette période ne sait pas encore distinguer le comportement intentionnel du comportement accidentel. Sa pensée égocentrique n'aide pas l'enfant à faire cette différence.

Chez le petit et la petite de la prématernelle, le stress social constitue une des sources importantes des peurs infantiles. Ces peurs sont provoquées par l'inconnu et l'incompréhensibilité. Les peurs les plus terribles proviennent de l'imagination même des enfants. Ces dernières ne doivent pas être sous-estimées, car, pour l'enfant, elles sont bien réelles.

La découverte de la différence des sexes constitue aussi un moment critique dans le développement de l'enfant. L'attitude des parents à l'égard de la sexualité et des caractéristiques attribuées à l'un ou l'autre sexe joue ici un rôle de premier plan. La sexualité de l'enfant et son identité sexuelle sur le plan psychologique sont marquées par les expériences relationnelles et l'éducation reçue à ce sujet. Ainsi, l'enfant développe de la sécurité et de la confiance par rapport à son appartenance au groupe du même sexe si les expériences vécues sont sécurisantes et sont marquées par le respect.

Les besoins de l'enfant

Dans un contexte de développement, les besoins de l'enfant s'expriment d'une manière simple et essentielle. Dans la pratique éducative, on reconnaît trois besoins fondamentaux21 : Voici une autre liste plus détaillée des besoins de l'enfant22 .

L'enfant a besoin de :

J nourriture, d'habillement, de repos et de logement.
J développer son corps et de saines habitudes d'hygiène.
J se sentir aimé.
J santé (soins psychologiques et physiques).
J être respecté.
J se sentir partie intégrante d'un groupe.
J satisfaction à créer.
J sentir que sa conduite et ses efforts sont acceptés.
J être encouragé.
J être accompagné dans sa motivation à apprendre.
J permanence des liens affectifs (soutien, réconfort et encadrement).
J s'entraîner à penser clairement et à résoudre des difficultés.
J savoir vivre avec les autres harmonieusement.
J nouer des premières amitiés.
J développer des comportements de coopération avec les autres enfants et avec les adultes.
J saisir et d'apprécier les valeurs, les règles et les comportements culturels.
J tester ses premières connaissances.

Le développement de l'enfant

La période sensori-motrice (de 0 à 24 mois)

Avant de parler de la période dans laquelle se situe l'enfant de prématernelle, voici un résumé de la période qui la précède. Il s'agit de la période sensori-motrice. Le but pour l'enfant de cette période est d'apprendre à coordonner les activités motrices, la perception de soi et du monde par les activités sensorielles. On peut voir cette période comme une extroversion (ouverture au monde extérieur) progressive. Cette période s'étend de 0 à 2 ans et se divise en 6 stades. Voici les grandes lignes de chacun de ces stades.

Stade Explications23
Stade 1
« L'exercice des réflexes » (de 0 à 1 mois)
- Le répertoire des comportements du nouveau-né est très impressionnant.
- Les réflexes que possède l'enfant à sa naissance constituent les premières structures de conduite.
Stade 2
« Les réactions circulaires primaires » (de 1 à 4 mois)
- Ce stade apparaît lorsque les réflexes commencent à changer pour devenir ce que Piaget appelle des habitudes.
- On assiste à l'acquisition de la coordination vision-préhension.
- L'enfant est porté sur le geste lui-même.
- C'est le prolongement de l'activité réflexe dont les résultats sont pourvuivis pour lui-même.
Stade 3
« Les réactions circulaires secondaires » (de 4 à 8 mois)
- L'apparition de l'intentionnalité.
- L'enfant est plus intéressé par les conséquences de ses actes.
- Il veut faire durer les conséquences intéressantes provoquées par l'action.
- C'est l'objet qui est le centre d'intérêt.
Stade 4
« La coordination des schèmes secondaires » (de 8 à 12 mois)
- L'enfant met une action au service d'une autre dans la poursuite de son but.
- L'enfant a une meilleure capacité à relier des objets et des événements de son environnement.
Stade 5
« Les réactions circulaires tertiaires » (de 12 à 18 mois)
- Ce stade est caractérisé par une expérimentation active, une recherche constante de nouveauté.
- C'est l'exploration par essais et erreurs.
- La conséquence comportementale intègre la relation entre le sujet et les objets, mais aussi celle des objets entre eux.
Stade 6
« L'invention des moyens nouveaux » (de 18 à 24 mois)
- L'enfant s'éloigne progressivement de l'action pour entrer dans la représentation mentale.
- C'est la transition entre l'intelligence sensori-motrice et l'intelligence représentative.
- L'enfant peut imaginer des essais et ne passer à l'action que lorsque la solution est trouvée.


La période pré-opératoire (de 2 à 6-7 ans)

L'enfant de la prématernelle se situe, selon Piaget, à la période pré-opératoire des stades de développement. À partir de 2 ans environ, l'enfant entre dans une nouvelle période marquée par le développement de la fonction symbolique : il ou elle commence à utiliser un système de représentation mentale des objets. Il s'agit d'une révolution intellectuelle. L'enfant peut voir plus loin que le moment présent. Les souvenirs du passé et les projets futurs s'ajoutent au présent en tant qu'univers accessible. La fonction symbolique appuie le développement du langage, outil majeur de socialisation. Cette période se divise en deux phases : la pensée préconceptuelle (de 2 ans à 4-5 ans) et la phase intuitive (de 4-5 ans à 6-7 ans).

La pensée préconceptuelle nous réfère au fait que l'enfant n'a pas encore tous les éléments nécessaires pour comprendre les différents concepts de la vie. C'est à cette période que l'enfant est capable d'évoquer un objet mentalement. Piaget définit cette pensée préconceptuelle en parlant de ses limites. Il définit cinq limites qui se retrouve dans le tableau suivant.

Tableau des limites de la pensée préconceptuelle

Limites

Définition24

Exemples

L'égocentrisme L'enfant ne peut adopter, en pensée, une autre perspective que la sienne ou adopter un autre point de vue que le sien. Il croit que les objets sont motivés par les mêmes désirs que lui. Ainsi, il établit avec eux, une relation semblable à celle vécue avec ses parents.
La centration L'enfant considère une seule dimension à la fois, ce qui l'entraîne dans des erreurs de raisonnement. L'enfant peut résoudre des problèmes ayant une seule dimension.
La pensée statique La pensée de l'enfant ne peut tenir compte des transformations. L'enfant ne perçoit pas les contradictions présentes dans la logique. Dans l'évaluation de la quantité de liquide que contiennent deux verres, l'enfant fondera sa réponse sur la hauteur de la colonne de liquide.
La non-réversibilité L'enfant est pris avec des transformations qu'il ne peut changer mentalement. Ainsi, il croit qu'un objet peut être, selon la situation, de différentes grosseurs. Suite à l'exemple précédent, la réversibilité impliquerait que l'enfant puisse imaginer que le liquide est versé à nouveau dans le verre de départ identique au verre témoin. La quantité serait égale.
Les préconcepts Le raisonnement de l'enfant n'est pas rendu au point de faire des liens entre les concepts pour se faire une image. Il est encore aux préconcepts où il lui manque des éléments pour compléter l'information. L'enfant peut parler d'une maison en voyant une image de celle-ci devant lui, mais il n'en est pas encore à la phase qui généralise le terme maison.


C'est au moment de la pensée intuitive que l'on assiste à une coordination graduelle des rapports représentatifs. Cette coordination conduira l'enfant de la phase symbolique ou préconceptuelle au seuil des opérations. C'est-à-dire que l'enfant affiche plus de mobilité et moins de centration que lors de la phase préconceptuelle. Cependant, la réversibilité (revenir à un état précédent) n'est pas encore présente.

L'enfant de la période pré-opératoire gagne en autonomie et en expériences diverses. Il ou elle élabore des outils nécessaires pour vivre progressivement l'épreuve de la réalité et pour se guider de plus en plus par lui-même dans le monde physique et social extérieur à la famille. L'enfant devient de plus en plus actif et prend plus d'initiatives selon le résultat qu'il obtient (sensible à l'échec). Il ou elle a une énergie presque illimitée et acquiert rapidement diverses habiletés et informations. Il ou elle est de plus en plus confiant et offensif ou, au contraire, il ou elle développe une culpabilité qui camoufle son action, le rendant ainsi craintif et défensif. (Tableau du développement psychosocial, Erikson, 1974)

Le développement psychosocial de l'enfant selon Erikson25

Crise psychosociale Définition Comportement
Confiance par opposition à Méfiance(de 0 à 1 an) Il s'agit d'acquérir la conviction que quoi qu'il arrive, quelqu'un t'aime et t'appuie : l'acquisition de la confiance de base. Si l'enfant parvient à apprivoiser ses sensations et ses expériences et si son entourage lui devient familier, bienveillant et fiable, il apprend à se faire confiance dans ce monde et à faire confiance à ce monde.

La résultante de ce stade est une sécurité de base où la mère est la personne significative.
Autonomie par opposition à Doute et honte (de 1 à 3 ans) La maturation permet l'acquisition d'importantes habiletés de contrôle sur soi-même et l'environnement. Les possibilités pour l'enfant de se déplacer, de se retenir, impliquent un certain contrôle, la possibilité de choisir, donc une certaine automonie. L'enfant parvient à un meilleur contrôle de sa locomotion, de l'ensemble de ses mouvements. Il a besoin d'encadrement, d'une saine surveillance qui favorise chez lui le développement d'une autonomie.

L'enfant mal encadré, trop surveillé ou laissé à lui-même, ne parvient pas à une autonomie raisonnable et développe des sentiments de honte et de doute à l'égard de lui-même et des autres.

La résultante à ce stade est le développement d'un contrôle de soi, de la volonté et de la souplesse. Les deux parents sont les personnes significatives.


Le développement psychosocial de l'enfant selon Erikson (suite)

Crise psychosociale Définition Comportement
Initiative par opposition à Culpabilité (de 4 et 5 ans) C'est la période de l'identification. L'enfant veut être comme ses parents, c'est-à-dire puissant, beau, grand, etc. L'enfant est placé entre des désirs de réalisation, d'initiatives, de puissance et la culpabilité associée au fait d'être allé trop loin, d'avoir dépassé la limite permise. L'enfant de cet âge a une énergie presque illimitée. Il acquiert rapidement des habiletés et des informations. Il est plus sensible à la réussite qu'à l'échec. Il fait des activités pour le plaisir d'agir.

Ses nouvelles forces physiques et mentales l'entraînent dans des activités au-delà de ses capacités ou qui sont interdites par les parents ou leurs substituts. Faute de pouvoir composer avec ses limites et celles de l'éducation, l'enfant de cet âge est troublé par la culpabilité.

La résultante de ce stade est la constitution d'une orientation personnelle, d'un but dans la vie. La famille au sens large représente l'environnement humain significatif.
Compétence par opposition à Infériorité (de 6 ans à la puberté) Le thème dominant de ce stade est l'apprentissage. Devant l'infinie quantité de connaissances à acquérir, le problème est celui de devenir compétent et d'éviter le sentiment d'infériorité associé à l'échec. L'enfant de ce stade devient débrouillard. Il acquiert les outils nécessaires pour devenir membre actif et productif de la société. Il persévère jusqu'à la fin d'une tâche et il utilise ses habiletés selon ses attentes et celles des autres.

D'une part, l'enfant peut valoriser plus que tout l'accomplissement par le travail, d'autre part, il peut se sentir incapable de réaliser, de produire ce que l'on attend de lui et ainsi développer un sentiment d'infériorité l'empêchant d'essayer quoi que ce soit.

La résultante de ce stade est un sentiment de compétence ou d'incompétence personnelle. L'environnement humain significatif est constitué de la famille, du voisinage, des professeurs et des compagnons de classe.



Sur le plan physique, l'enfant est curieux face à son corps. Il ou elle acquiert petit à petit une liberté physique et un sentiment d'autonomie par rapport à son corps. Il ou elle développe mieux ses capacités à coordonner musique et mouvements. Il ou elle se sent comme une personne unique.

Sur le plan social, l'enfant a plus d'initiative. Elle participe plus activement aux activités offertes et s'engage dans des jeux plus complexes. Elle est de moins en moins sauvage face à une nouvelle situation. Elle se connaît de mieux en mieux et elle sait ce qu'elle aime et ce qu'elle n'aime pas. Cependant, elle a encore de la difficulté à exprimer de façon appropriée ses sentiments. Elle commence à comprendre que les autres ont aussi des sentiments. C'est aussi le stade du « faire semblant » en s'identifiant à ceux qu'elle aime.

Sur le plan langagier, ses habiletés se développent davantage. Sa capacité à résoudre des problèmes, à représenter et à classifier des situations ou des objets augmente. Elle veut comprendre les éléments qui l'entourent. Elle commence à faire la différence entre sa vision du monde et celle des autres. Elle pose beaucoup de questions.

Les intelligences multiples

La définition La définition

Après plusieurs années de recherche, le professeur Howard Gardner et ses collègues ont établi que les intelligences ne sont que des tendances ou des potentiels, réalisés ou non chez l'individu, qui méritent d'être reconnus comme des modes importants de la pensée. L'intelligence porte davantage sur la capacité de résoudre des problèmes ou de créer des produits, dans un cadre naturel et enrichissant.

Ils en sont venus à la conclusion que nous possédons tous plusieurs capacités indépendantes et différentes par lesquelles nous résolvons des problèmes. Afin d'être reconnus comme intelligence, les talents et les habiletés identifiés devaient rencontrer les critères suivants 26: ü Être appuyés par un système de symboles (de sons, de mots, d'images…).
ü Posséder leur propre cheminement de développement. P. ex. : un grand talent en musique est évident dès le bas âge; des habiletés remarquables en mathématiques ne se révèlent que plus tard, dans l'adolescence.
ü Pouvoir être diminués par une blessure à un endroit spécifique au cerveau.
ü Se retrouver dans toutes les cultures quoique se manifestant de façon particulière à chaque culture.

De plus, l'intelligence humaine se compose de 3 éléments27 :
  1. Un ensemble d'habiletés permettant de résoudre des problèmes courants de la vie quotidienne.
  2. La capacité de créer un produit efficace ou d'offrir un service valorisé par son propre groupe culturel.
  3. La capacité de rechercher ou de soulever des problèmes permettant ainsi à l'individu d'acquérir de nouvelles connaissances.
L'intelligence est façonnée par le temps, l'endroit et la culture dans lesquels nous vivons et ne se développe pas dans l'isolement : il faut qu'il y ait interaction entre l'enfant et l'adulte, l'enfant et son monde. Tout ce que l'enfant apprend, ou presque, est construit par son interaction avec la société.

Voici quelques indices trouvés par M. Howard Gardner sur la façon dont se développent et se manifestent les intelligences :
  1. Nous possédons tous ces intelligences, mais à des degrés différents. Chaque enfant possède un profil intellectuel propre à lui; il a sa façon de résoudre les problèmes. C'est donc dire qu'une méthode standard d'enseignement risque de ne pas répondre aux besoins de tous les enfants.
  2. Les différentes intelligences peuvent être développées si l'on permet à l'enfant d'utiliser ses forces dans son apprentissage et qu'on lui procure les occasions nécessaires pour le faire.
  3. La majorité des tâches à accomplir requiert la concertation de plusieurs intelligences. Aucune d'entre elles n'existe de façon isolée. Elles sont toujours en interaction.
  4. Il y a de nombreuses façons d'être intelligent dans chaque catégorie. Il n'y a pas d'ensemble déterminé de critères que doit posséder un enfant pour être considéré comme intelligent dans un domaine donné.

La pizza aux intelligences multiples 28


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