Chapitre 1
Les principes et les résultats
d'apprentissage généraux
Le cadre
L'école fransaskoise est une institution qui regroupe des élèves de langue et de culture françaises et qui transmet la culture canadienne-française. Elle se rattache à la communauté fransaskoise en matière d'un partage d'aspirations, de besoins, de valeurs et d'intérêts communs. De plus, l'école fransaskoise est destinée aux élèves francophones ayant une connaissance fonctionnelle du français et dont au moins un des parents se déclare Fransaskois ou Canadien français. Les élèves relevant de l'article 23 de la Charte des droits et libertés ont droit à une éducation française de qualité égale, mais non identique, à celle offerte à la majorité. En vertu de ce principe, la conception des programmes d'études doit se faire à la lumière des disparités qui existent entre les élèves fransaskois qui maîtrisent bien leur langue première et les élèves qui ne la possèdent pas ou peu.
La relation entre la communauté, le foyer et l'école doit être comprise comme faisant partie d'un objectif plus large, qui est celui de la transmission du savoir, des valeurs et de l'héritage centré sur l'élève et sur son développement comme individu. La contribution de ces trois milieux doit être recherchée pour définir les programmes. L'apport de ces mêmes intervenants doit être intégré dans les contenus et les processus à l'intérieur même des programmes, soit en matière d'élaboration, de mise à l'essai, d'implantation, d'évaluation et de révision.
L'intégration des trois composantes « identité - langue - culture » comme noyau central sur lequel doit reposer toute la conceptualisation des programmes d'études est fondamentale. L'intégration de ces trois composantes doit s'effectuer à la lumière des buts de l'éducation pour la Saskatchewan, des politiques du ministère de l'Éducation, ainsi que du nouveau tronc commun comprenant les apprentissages essentiels communs [AEC], les domaines d'étude obligatoires et la pédagogie différenciée. Ce cadre provincial permet aux écoles fransaskoises une mesure d'adaptation propice au développement de leur propre identité. L'intégration du tout constituera un lieu qui permettra à l'école de construire son propre projet éducatif, qui se veut une démarche par laquelle une école identifie clairement son vécu et les valeurs qui y sont présentes ou non.
L'identité
Cette composante est le mariage du semblable au distinct, de l'appartenance communautaire à la spécificité individuelle. C'est le résultat d'une histoire commune, de l'influence du milieu majoritaire anglophone, des luttes des droits, de pair avec le concept de soi, les expériences vécues et les croyances personnelles. Devant la menace constante d'assimilation que représente un milieu de vie anglo-dominant, la programmation doit jouer un rôle essentiel, à savoir:
- promouvoir chez l'élève un sentiment d'identité et d'appartenance au peuple canadien-français;
- éveiller et fortifier un sentiment de fierté chez l'élève;
- permettre à l'élève d'identifier son « moi », de l'intégrer et de l'actualiser;
- aider l'élève à se définir en tant qu'individu et membre d'une communauté à la lumière des changements économiques, politiques et sociaux à l'échelle mondiale;
- soutenir le processus de la formation de l'identité fransaskoise.
« La communauté minoritaire qui veut assurer sa survie doit pouvoir former et maintenir l'identité individuelle et la culture personnelle de ses membres par un réseau d'institutions qui canalise les interactions personnelles. La famille et l'école sont les principaux lieux de l'acquisition et de la transmission de la culture minoritaire. Ces institutions deviennent alors des lieux de solidarité et d'appartenance1 . »
La langue
La langue est la forme essentielle d'expression car elle permet la communication au sein d'un groupe et l'intégration des éléments provenant de l'extérieur. C'est ainsi que le français langue première doit être présenté de façon à promouvoir le maintien et l'épanouissement des réalités linguistiques et culturelles de l'élève francophone en milieu anglo-dominant. À la lumière de ces énoncés, la programmation doit incorporer les buts suivants, tout en reconnaissant que la langue première recouvre un champ beaucoup plus étendu que celui d'une langue seconde:
- maîtriser le français en tant que langue première;
- souligner l'importance de la langue première à titre de véhicule d'un message, d'un contenu, d'une civilisation et d'une histoire propres aux Fransaskois et aux Fransaskoises;
- tenir compte du fait que la langue représente une façon d'être et de voir qui lui est propre;
- enseigner la langue comme un système de valeurs et non seulement comme un moyen de communication;
- valoriser la langue française par tous les moyens possibles pour assurer son développement et son épanouissement.
« L'enseignement de la langue doit être l'occasion de faire la synthèse des savoirs et surtout - car ceci est vital pour le minoritaire - du savoir-être: le comportement et les attitudes du jeune face à lui-même en tant que minoritaire2 . »
La culture
Tout en reconnaissant que le mot culture a plusieurs sens, on peut la définir comme étant une manière d'être, de penser, de sentir; c'est un ensemble de sentiments, de croyances et de valeurs qui se transmettent à l'intérieur d'une communauté. Peu importe la définition, la personnalisation de la culture pour l'élève constitue un point fondamental. L'élève doit se sentir participant ou participante et non spectateur ou spectatrice. L'élève doit être capable tout autant de saisir la culture de son milieu que de se l'approprier. L'élève doit pouvoir comprendre que la culture fransaskoise s'inscrit dans le courant d'une culture francophone à dimension mondiale influencée par le milieu social et géographique de la Saskatchewan. C'est ainsi que la programmation du préscolaire à la 12e année doit
viser à:
- développer chez l'élève une bonne connaissance de l'histoire du peuple canadien-français en portant une attention particulière à l'histoire fransaskoise;
- favoriser chez l'élève l'épanouissement de sa culture canadienne-française et de ses composantes;
- faciliter l'évolution et l'épanouissement de la culture fransaskoise;
- fournir un moyen de ressourcement des valeurs fondamentales de la culture canadienne-française;
- assurer que la culture fransaskoise est vue dans le cadre de la culture francophone canadienne et mondiale;
- relier les résultats d'apprentissage au vécu de chaque élève;
- valoriser l'apport personnel de l'élève comme ajoutant de nouvelles dimensions à la culture du milieu.
« La culture doit être une composante intégrale du curriculum. Des objectifs, des activités, du matériel doivent être conceptualisés et une véritable vie culturelle doit être planifiée.3 »
La phase préscolaire constitue une période critique dans le développement de l'enfant. Dès sa naissance, l'enfant se retrouve face à diverses expériences. Selon son vécu, l'enfant de 3 ans aura un certain bagage, certaines connaissances et certaines habiletés. La prématernelle est un endroit qui permet de mettre en valeur l'enfant et de favoriser son développement global.
La prématernelle est un programme offrant des interventions éducatives appropriées. Les fondements de ce programme demeurent les mêmes que ceux de la maternelle4 :
- l'éducatrice fait des interventions de qualité, où le milieu est stimulant et où l'apprentissage se fait par le jeu;
- il y a intégration de tous les domaines;
- l'enfant est reconnu comme une personne unique capable de faire des choix;
- la prématernelle vise le développement global et harmonieux de l'enfant;
- la prématernelle est un endroit où l'enfant découvre le plaisir d'apprendre et explore différentes façons de le faire.
C'est un programme qui intègre la participation des parents, reconnaissant ainsi leur rôle comme premiers éducateurs de l'enfant. Il s'agit d'un programme éducatif qui offre un soutien aux enfants d'âge préscolaire et un outil pour les éducatrices. On y valorise aussi la culture du groupe d'appartenance, d'où l'importance du temps passé dans la classe de prématernelle, qui a un impact direct sur la socialisation, la francisation et le développement global de l'enfant. De plus, c'est un programme offert par des éducatrices qualifiées.
- Les citoyens canadiens :
- dont la première langue apprise et encore comprise est le français;
- qui ont reçu leur instruction, au niveau primaire, en français au Canada, ont le droit d'y faire instruire leurs enfants, aux niveaux préscolaire, primaire et secondaire en français.
- Les citoyens canadiens dont un enfant a reçu ou reçoit son instruction, au niveau primaire ou secondaire, en français au Canada ont le droit de faire instruire tous leurs enfants, aux niveaux préscolaire, primaire et secondaire, dans cette langue.
- Le droit reconnu aux citoyens canadiens par les paragraphes 1 et 2 de faire instruire leurs enfants, aux niveaux préscolaire, primaire et secondaire, dans la langue française :
- s'exerce partout dans la province où le nombre d'enfants des citoyens qui ont ce droit est suffisant pour justifier à leur endroit la prestation, sur les fonds de l'instruction dans la langue française;
- comprend, lorsque le nombre de ces enfants le justifie, le droit de les faire instruire dans des établissements d'enseignement de langue française financés sur les fonds publics.
La classe prématernelle vise à développer, d'abord et avant tout, l'autonomie et la responsabilité de l'enfant. Elle veut fournir à l'enfant de bonnes bases pour qu'il puisse devenir une personne active dans l'apprentissage de la vie et dans la francophonie. Il est essentiel de considérer l'enfant comme une personne unique, vivante et complexe. Il faut favoriser son développement social et son estime de soi en tenant compte de son vécu et ainsi, enrichir sa capacité d'entrer en relation avec les autres et l'environnement. Il ne faut surtout pas oublier que l'enfant a des ressources, des limites et des expériences qui lui sont propres. « La prématernelle n'est pas une école ordinaire, mais plutôt un centre d'apprentissage par le jeu. »6
Voici maintenant quelques bienfaits de la prématernelle7 :
L'enfant…
- se fait des amis avec lesquels il ou elle apprend à vivre en groupe.
- a accès à une variété de jeux et d'outils d'animation qui s'ajoutent à ceux qu'il ou qu'elle possède à la maison.
- participe à des activités adaptées à son niveau de développement et qui stimulent son intelligence, sa capacité logique, son agilité physique, sa sociabilité, son jugement moral, ou tout le champ de ses émotions.
- constate que le français n'est pas seulement une langue parlée par maman, papa ou grand-papa et grand-maman, mais aussi par d'autres adultes et par ses petits amis.
- rencontre d'autres familles francophones et développe des liens d'amitié.
- se prépare à rentrer à la maternelle, puis à l'école fransaskoise.
- s'actualise sur le plan langagier, identitaire, culturel et communautaire.
Certains principes8 ont été à la base de la conception de ce programme. En voici les principaux :
- L'enfant est le principal agent de ses apprentissages et de son développement. Il faut qu'il soit actif, qu'il ait une motivation intérieure et qu'il donne une signification personnelle à ce qu'il fait.
- La prématernelle est un lieu privilégié pour acquérir des attitudes, des habiletés et des connaissances favorisant des savoirs qui serviront à ses futurs apprentissages scolaires. Elle permet à l'enfant parlant peu ou pas français d'acquérir les bases langagières et de développer son identité culturelle.
- L'intervention éducative doit être appropriée, conséquente et signifiante pour l'enfant.
- Les parents sont les premiers éducateurs de leur enfant; la connaissance qu'ils ont de lui est un complément essentiel à l'intervention éducative.
- L'intervention éducative a des effets positifs sur le comportement et les habiletés à moyen et à long terme.
- La reconnaissance du jeu comme partie intégrante du processus d'apprentissage du jeune enfant est à la base de l'intervention éducative.
- Les interventions éducatives doivent respecter le rythme et le style d'apprentissage propres à chaque enfant.
- La prématernelle tient compte des expériences vécues à la maison et dans un centre pour la petite enfance et fait le lien avec la classe de la maternelle et de la première année, dans une perspective de continuité éducative.
- Les différents domaines d'activités exploitées en prématernelle (motricité, communication orale, pré-écriture, arts, pré-sciences, pré-mathématiques, etc.), ne constituent pas une fin en soi : ils sont des moyens d'apprentissage.
Les apprentissages essentiels communs9
L'enfant participe activement à la mise en place des connaissances. Il est donc important non seulement de considérer ce que l'on enseigne, mais aussi comment on l'enseigne en tenant compte du niveau de développement de l'enfant, de ses intérêts et de son vécu.
L'éducatrice ou l'éducateur à la prématernelle présente beaucoup d'occasions d'intégrer les apprentissages essentiels communs [AEC] aux situations d'apprentissage. Dans un thème, chaque AEC doit être développé de façon optimale. Certaines situations d'apprentissage peuvent présenter l'occasion d'acquérir les connaissances, les valeurs, les habiletés et les démarches de tous les apprentissages essentiels communs. Dans d'autres cas, la nature de la situation d'apprentissage pourrait conduire à n'exploiter qu'un AEC en particulier.
L'intégration des apprentissages essentiels communs aux activités de la classe aura des répercussions sur l'observation de l'enfant. Si l'enfant est encouragé à faire preuve de raisonnement critique et à exercer sa créativité pendant un thème, l'éducatrice ou l'éducateur doit créer pour ce thème des méthodes d'observation qui demande à l'enfant de développer ses capacités.